|
Jean-Philippe CUNNIET a travaillé sur la conception, la fabrication et la commercialisation de petits gadgets pour des grandes marques alimentaires. Il nous présente son premier grand dossier. Pif-Gadget a créé le GADGET INTELLIGENT Si nous avons tous dit « j’aurai jamais cru possible de recevoir un appareil photo, un vrai chrono, ou un sous-marin qui fonctionne, avec mon Pif-Gadget », c’est grace à l’intelligence et à la matière grise de l’équipe Gadget, que je salue ici. En effet, les contraintes étaient nombreuses. Un gadget « intelligent » est un gadget qui correspond au moins à l’une des caractéristiques suivantes : - Il exploite « intelligemment » les techniques de fabrication les plus modernes, afin d’avoir un prix de revient très bas (le budget est toujours très réduit, car plus le gadget coute cher, moins le magazine fera de bénéfice, puisque le prix de vente est fixé d’avance). - Le gadget s’inspire d’objets courants, mais est conçu « économiquement ». - Il distrait, mais il rend aussi les utilisateurs (enfants) plus « intelligents » - Il éduque Ce concept a été souvent imité mais rarement égalé. Il existe (ou il a existé) quelques revues et BD dans le monde qui ont réussi le challenge de continuer à créer et innover, sans céder a la facilité de l'important de gadgets "tout faits". Je voudrais passer en revue tous les
"successeurs" de PIF dans ce domaine du "gadget intelligent"
pour enfants. De nos jours, il faut aller vite. Tout
va trop vite. Alors, on ne prend plus le temps de concevoir, de créer.
Soit on copie, soit on achète des produits déjà
existant et on colle son nom (sa marque) dessus. C'est trop facile.
Les créateurs de gadgets de PIF étaient avant tout des
inventeurs. Ainsi, on retrouve toujours les mêmes jouets "classiques" et rien de très original. Ce qui fait aussi le succès de
Pif-Gadget, c'est d'avoir osé "prendre des risques"
et lancer des gadgets qui - peut-être - n'allaient pas plaire
aux lecteurs. Les flops ! Il y en a eu... mais sans les flops, il n'y
aurait pas eu les "succès" et autres "super gadgets"
qui nous ont tant amusé. Editeur : Disney Hachette SNC Edité par Disney Hachette Presse, l'équipe Gadget de Picsou magazine ne travaille qu'avec des importateurs de gadgets et de primes publicitaires, et n'a jamais vraiment fait concevoir un gadget spécialement "Picsou" ou entièrement original. Sans doute pensent-ils (avec raison) que la notoriété des personnages Disney ne nécessitent pas "en plus" d'avoir les gadgets les plus originaux du monde (alors que Pif-Gadget en avait "un peu plus besoin"). C'est vraiment dommage. Quand je suis allé les rencontrer (il y a bientôt 10 ans) pour leur vendre quelques gadgets originaux, ils m'ont vite répondu qu'ils ne travaillaient toujours et qu'avec 2 ou 3 fournisseurs (des importateurs), et qu'ils ne voulaient pas étendre leurs sources. Il y a peu, en France, de BD pour cette
tranche d'âge, et Disney a surement le monopole ("Le Journal
de Mickey", "Picsou Magazine" sont des best sellers)
donc ils n'ont pas encore besoin d'étre "plus originaux
que les autres"... jusqu'à ce qu'arrive Tchô. Quand Pif-Gadget a cessé de paraître,
Picsou a arrêté la publication de gadgets (car il n'y avait
plus de concurrence), mais depuis quelques petites années, ils
ont décidé d'inclure systématiquement un gadget
avec chaque numéro, sous cellophane. Un gadget peu original en
général, provenant de l'importation. C'est déjà
ça.
A noter, "la magiboîte à lumière" (au numéro 151) qui ressemble énormement au « véritable projecteur » du PIF 63. Si vous voulez en savoir plus voici
quelques sites internet : 2. Micky Maus Magazin ( allemand
) En Allemagne, le marché de la
BD mensuelle pour enfants est très "encombré"
et la concurrence fait rage. Il fallait donc, même à un
titre diffusant les aventures du Mickey, profiter de l'avantage "gadget". Site internet : http://www.disney.de/micky-maus-magazin/ "Lowenzahn Magazin" Site internet : www.wendy.de ![]() ![]()
Site internet de l' éditeur :
http://www.bayardpresse.fr Astrapi est un Bimensuel créé
en 1978, et qui s'adresse aux enfants de 7 à 11 ans. copyright BAYARD Presse 4. Tchô (Editions Glénat, France ) Site internet de l'éditeur :
éditions
Glénat - Tchô
la couverture et le gadget de Tchô n°15 Depuis son premier numéro, Tchô
a publié - par exemple - les gadgets suivants : Le Kaka Kikol
(n°45), une fausse morve de nez, ou bien encore les cheveux de Titeuf,
qui sont tous des créations originales de l'éditeur. Pour suivre l'actualité de Tchô,
vous pouvez vous inscrire à la Tchô Newsletter sur le site suivant
: s'inscrire
à la newsletter Si on trouve plus facilement des idées de gadgets pouvant amuser un jeune enfant pour quelques 50 centimes (de francs), il est bien plus difficile de tenir le même budget pour des jeunes adolescentes qui ne se suffiront pas d'un simple "gadget". Elles demandent mieux, mais le prix du magazine ne permet pas d'envisager un prix de revient du gadget guère plus élevé. Parmi les primes les plus créatives, nous retrouvons les idées suivantes : 1°) du "maquillage" imprimé sur un plastique 2°) ou encore des mèches de cheveux longs "postiches" rouges ou bleus à s'accrocher dans les cheveux pour faire "comme si on s'était fait une mèche" 3°) une planche en plastique transparente
montrant différentes coiffures pour jeunes filles, et permettant
de glisser sa propre photo d'identité à l'arrière
(comme au dans les fêtes foraines) pour voir "de quoi j'aurai
l'air avec cette coiffure". Pour augmenter le nombre de BD à gadgets en France, l’éditeur allemand Dino arrive en France avec plusieurs titres : "Futurama", "Simpsons" et "Digimon". Déjà publiés en Allemagne, ces titres portent très souvent un gadget, comme a l’époque de Pif-Gadget.
copyright PANINI Pour plus d’informations : 7. YPS ( Allemagne ) Pendant de nombreuses années, Pif-Gadget revendait à YPS en Allemagne les droits de publications de quelques séries et surtout, des gadgets de Pif. Après 25 ans et quelques 1255 gadgets, YPS – le petit frère allemand de Pif-Gadget – a été racheté par Ehapa, l’éditeur de la BD concurrente "Micky Maus Magazin" en Allemagne, qui a vite décidé d’arrêter la publication de YPS.
les 4 premiers numéros de Yps avec des gadgets bien connus (merci à ypsfanpage) Pour plus d’informations, voir
: Kinder Surprise s’attaque à la fabrication de gadget encore plus difficiles et contraignants à fabriquer que les gadgets PIF, étant donné qu’ils doivent être plus petits que les gadgets de Pif pour pouvoir tenir dans un capsule plastique minuscule, et doivent être moins coûteux également, et surtout (surtout !) être collectionnables. La matière grise de l’équipe gadget de Kinder permet également de faire tenir un nombre parfois impressionnant de petites pièces, encastrées les unes dans les autres lors de l’emballage, et qui – une fois déballées – permettent de construire des objets plusieurs fois plus grands que l’emballage lui même (voir le Toboggan réalisé en 1998 par exemple). Parmi les gadgets les plus « intelligents » (également déjà vu dans les pages de Pif-Gadget), on retrouvera : 1. Une visionneuse d’images
2. Un mini canon à boulets 3. Les singes grimpeurs 4. Le Véhicule Suspendu
6. Le Circuit de voitures Chupa Chups Site internet : http://www.chupachups.com Chupas Chups, pour convaincre les enfants (et parfois les adultes comme nous) de succomber à l’envie d’une succette, ont investi en recherche et developpement pour créer des objets amusants mettant en scène leurs sucettes. Pour décorer le sapin de Noël par exemple, la firme espagnole avait inclus dans ses produit des petits croquets plastiques en forme de « ? » que l’on enfoncait dans la tige de la sucette, et qui permettait de… suspendre des sucettes (à l’envers) sur le sapin familial, comme une boule de Noel. Amusant !! Ça donnait vraiment envie d’acheter de nombreuses sucettes pour se faire un sapin très original. Une idée simple, économique, mais digne d’un Pifos, car le résultat était vraiment amusant. Chupa Chups a récemment continué sur cette lancée, avec la commercialisation de plusieurs jouets « avec un emplacement spécial-sucettes »), comprenant un kit écolier (pour les garcons), un kit de maquillage (pour les filles).
Pif-Gadget avait déjà diffusé la sucette sifflante, maintenant commercialisée par Chupa Chups. Nestle / Kellogg’s Les fabricants de Céréales également utilisent les gadgets pour encourager l’achat d’impulsion de leurs produits. Le paquet de Céréales prend ici la place du Pif-Gadget Hebdomadaire, mais les primes restent (souvent) tres « pensées ». Voici quelques exemples récents : 1. La Cuillère Zig Zag (Nestle, France)
2. La Calculatrice (Post Cereals, USA)
6. Les gadgets des Fast Foods Parmi les « descendants » de Pif-Gadgets, il faut aussi compter les fast food. Leurs « gadgets » se sont très nettement améliorés ces dernières années. Voir par exemple le coffre à trésor gonflable Burger King ! 9. Les fabricants de primes publicitaires Facegear Chaque année, les méthodes d’impression se perfectionnent. A l’époque de PIF, la technologie 3M pour fabriquer cette prime n’était pas encore au point. Les « autocollants-déguisement » pour le visage, commercialisés par Facegear www.facegear.com et imprimés par le fabricant de post-it 3M en amérique auraient surement retenu l’attention de l’équipe Gadget.
Pouvoir fabriquer un gadget pour un prix de revient de « quelques centimes » seulement a souvent necessité des prouesses techniques. Il faut en effet éliminer (ou réduire au maximum) tout travail manuel (le plus coûteux) et essayer d’utiliser au mieux les techniques de fabrications les plus automatisées (sans intervention manuelle couteuse) - c’est à dire aussi les plus modernes. A l’époque de Pif-Gadget, les imprimeurs spécialisés (dans l’impression sur pvc) savaient fabriquer des autocollants, des transferts à sec (décalcomanies), des transferts pour la peau (tatouages temporaires) et des transferts textile. On a souvent vu ces techniques utilisées pour des gadgets Pif. Parmi les gadgets de Pif sachant détourner des techniques industrielles pour arriver à fabriquer des objets à bas prix, on trouve notamment le holster de PIF (qui utilise la technique de soudure HF haute fréquence, que l’on utilise pour fabriquer des pochettes plastiques pour écolier ou des portes chéquiers en pvc que distribuent les banques, par exemple). Cela « économise » la couture manuelle que nécessite normalement un holster. Il fallait y penser. Vous pouvez me contacter par email : Jean-Philippe Cunniet |
|