Pif-Gadget au Canada : la distribution

Pif-Gadget a fait le tour du monde, soit à travers les pays francophones, soit à travers des éditions étrangères. Nous ferons une première halte au Canada où le journal a marqué toute une génération de lecteurs et de dessinateurs chez nos cousins québéquois.

Un dossier présenté par Steve REQUIN, rédacteur en chef de la revue "MensuHell".

Pif-Gadget au Canada

Le Canada est un de ces rares grand pays anglophone qui compte malgré tout plus de 6 millions d'habitants parlant le français (en particulier au Québec), car en effet, à part pour quelques communautés francophones bilingues dispersées ça et là dans le pays, seul le Québec est francophone, les 9 autres provinces sont anglaises, ce qui représentait un marché potentiel de lectorat important pour les éditions Vaillant. Malgré la distance et le problême de décallage dû à l'acheminement du journal, le Canada n'a jamais été pris à la légère par la rédaction, surtout à partir de 1974 où la nouvelle équipe commerciale récemment mise en place, développe durant l'été 1974 une série de Pif-Gadget destinée à l'export, celle que nous avons appelée la série des 1518 blancs. Avec un tirage de 35 000 exemplaires, cette série montre le potentiel de ventes sur ce territoire. Pour éviter de gros décalages d'actualité, le Canada recevra même des Pif exports pour éviter de fêter Noël en été, ce qui ne sera pas le cas par la suite.

Pour nous évoquer la situation au Canada, nous laissons la parole à Steve REQUIN pour qu'il nous témoigne de sa propre expérience :

"J'ai personnellement été un grand lecteur de Pif depuis que je sais lire. Je devais bien avoir six ans lorsque ma mère m'a acheté mon premier Pif-Gadget afin de m'aider dans mes exercices de lecture. Cela remonte en 1974. J'ai continué à acheter Pif à toutes les semaines, jusqu'à ce que j'arrive vers 13-14 ans. À ce moment là, il était mal vu parmi les adolescents de s'intéresser encore à de la lecture pour enfants.

Durant les années où j'en étais lecteur (1974-1982), le délai de distribution de Pif-Gadget au Québec était de sept mois. Ainsi, il arrivait très souvent, à notre déception, que nous nous retrouvions en janvier avec des Pif et des gadgets ayant pour thème les vacances et l'été, et inversement, en juillet, y lire des histoires de Noël.

Étant tout de même un grand consommateur de BD, il m'arrivait tout de même d'acheter parfois des recueils "Piforama" ou "Super Pif". Je ne crois pas que ce format existait en Europe, cependant, car c'est une maison de chez nous, Les Éditions Héritage qui les publiaient.

l'album n°6 de Piforama (1ère et 4ème de couverture)

Un Piforama était un recueil à couverture de carton souple regroupant parfois trois à six numéros de Pif-Gadget. Ceux-ci étaient dépouillés de leur couverture donc souvent du "gadgetus" (les pages du début où étaient expliquées le montage du gadget) et aussi de fait la page de courrier du lecteur. Le gadget était aussi absent évidemment. Ce fourre-tout pouvait aussi bien contenir des Pif-Gadget comme des Pif-Gadget 100% Comique reconnaissables à leur papier plus épais.

Si mes renseignements sont exacts, les Éditions Héritage rachetaient les Pifs invendus qui ne pouvaient pas retourner en Europe (Sept mois après parution, on peut comprendre.), puis ils les transformaient en "Piforama" avant de les revendre. Cette pemière génération de Piforamas n'était constitués que de Pif-Gadget aux pages en papier non-glacé. Notez que les Pifs constituant un Piforama ne suivaient pas nécéssairement leur véritable ordre de parution, et j'ai moi-même vu un Piforama contenir deux fois le même numéro de Pif.

une publicité pour le Piforama n°1

Il est fort probable qu'avant la publication de ces Piforama, il y ait eu une collection de recueils numérotés, au moins 104 numéros dont on ne sait rien, aucun indication de parution, ni éditeur précisés. Il faut noter que les quatre numéros contenus avaient conservé leur couverture, le scan du n°104 laisse supposer une couverture originale pour chacun des recueils.

L'arrivée des pages en papier glacé a obligé Héritage a changer le format des Piforamas. Cette 2e génération était mensuelle, regroupait quatre numéros qui se suivaient (généralement), et étaient présentée dans son intégrale, quoi que sans les gadgets. Cette formule ne dura pas longtemps, un peu plus d'un an, je crois. Puis, arrive le "Super Pif". celui-ci est constitué de dix à douze Pifs réunis. Ceux-ci ne sont cependant pas de Héritage. En fait, nulle part sur ou dans la reliure on ne voit le nom de ceux qui les produisent ou les distribuent.

le super Pif n°1

Ça reste à confirmer, mais je crois que le premier Piforama a été produit vers 1977 ou 1978. Pour ce qui est des "Super Pif", les derniers datent certainement de 1994, ce qui coïnciderait avec l'arrêt du titre en France."

Dans la prochaine partie de son dossier, Steve REQUIN vous parlera de l'influence de Pif-Gadget sur la BD québéquoise.